ÉLECTION PRESIDENTIELLE EN GUINÉE : Effervescence à Conakry, malgré des morts
ÉLECTION PRESIDENTIELLE EN GUINÉE :
Effervescence à Conakry, malgré des morts
La violence
vient de s’inviter en cette fin de campagne électorale guinéenne.
Quatre à six morts ont été évoqués, hier, sans une confirmation. Ces
morts, qui font craindre une escalade dans la violence, ont soldé les
affrontements entre les militants de l’Union des forces démocratiques de
la Guinée (Ufdg) de Cellou Dalein Diallo et l’Union des forces
républicaines (Ufr) de Sidya Touré. Les affrontements ont
eu lieu dans les localités de Maférianyah, Forékariah et Coyah, toutes
situées à une centaine de kilomètres de la capitale. Mais les morts,
violences et blessés, avec de nombreux véhicules dont les vitres ont été
brisés qu’il nous a été donné de voir à Conakry même, ont été dénombrés
dans la localité de Coyah, célèbre pour son eau de source embouteillée
et en sachet. Les militants de l’Ufdg rentraient de leur long périple qui les a
conduits depuis presque un mois dans l’ensemble des 33 préfectures. Avec
leur leader, ils devaient gagner Conakry ou une véritable marée humaine
les attendait. Le patron de l’Ufr devait, après un meeting, la veille, à Conakry en
tenir un autre hier à Coyah. Nombre de militants de l’Ufdg, rentrés à
Conakry, ont mis les incidents sur le compte de la provocation de
militants de l’Ufr. Les deux responsables de ces deux partis politiques
sont réputés pourtant être des amis. Il est à craindre des représailles ou que la violence physique
surtout, absente depuis le début de la campagne, puissent se faire jour
avant la fin, demain, de la campagne voire même le jour du scrutin et
l’après élection. Pour le moment, les candidats ne se sont pas encore exprimés sur la
violence. Retrouvé chez lui, après son arrivée, Cellou Dalein Diallo l’a
déplorée avant d’appeler ses concurrents à « mieux encadrer les
militants ». Loin de la violence, il y a eu hier une véritable démonstration de
force de l’Ufdg de Cellou Dalein Diallo. Conakry était une ville morte. Dès les premières heures de la
matinée, tous les axes que devait emprunter son cortège ont été pris
d’assaut par la déferlante humaine, tous âges confondus. T-shirt, boubous, drapelets, photos, badges, écharpes... Il n’y en
avait que pour Cellou. Venant souvent de très loin, les militants et
sympathisants, particulièrement ceux des quartiers Tawya, Bambetto,
Causa, Hamdallaye... l’ont accueilli à l’entrée de la ville, au
Kilomètre 36, pour l’accompagner jusqu’à son domicile. Entré dans la ville à midi, il n’y parviendra qu’après 19 heures.
Malgré une pluie battante, une chaleur humide, les militants ont voulu
lui prouver qu’il est leur champion. Sur l’autoroute comme sur des axes secondaires, la rue Princesse
notamment, on a assisté à une véritable furie des partisans de l’Ufdg.
Des voitures souvent aux portières et capots ouverts et assaillis tout
comme leurs toits marchaient au ralenti. Les passagers soulevant
écharpes et lançant chants et slogans. Les motards aussi n’étaient pas
en reste, combinant ingéniosité, maîtrise de la conduite et
manifestation de joie. Une moto pouvait transporter quatre personnes. La joie était au rendez-vous pour tous ces militants. Boutiques et
commerces avaient baissé pavillon. Impossible de trouver un taxi. Il
fallait s’y attendre. « C’est du jamais vu à Conakry », lance Moustapha
Diallo, commerçant, pour qualifier la marée humaine. De nombreuses
personnes, patientant sur d’autres axes, n’ont même pas eu la chance de
voir leur champion. Pour elles, l’essentiel est qu’elles aient participé
à la fête. Et pourtant le meeting de l’Ufdg n’était prévu que demain.
Un meeting auquel renonce son président. « Nous pensons qu’il ne vaut
pas la peine de tenir le meeting du 26. Nous clôturons la campagne sur
le beau tableau d’aujourd’hui. A chaque fois que nous mobilisons, nous
gênons toute la ville », a-t-il soutenu à son domicile devant son équipe
de campagne. La ville de Conakry a aussi vibré hier au tempo de la
Guinée pour tous (Gpt), du nom du parti du candidat Ibrahima Kassory
Fofana. S’il est vrai que ce dernier, présenté comme la cinquième force
parmi les candidats engagés, a moins mobilisé, il faut signaler qu’il a
déployé de gros moyens en lançant des tracts d’un avion qui a survolé la
ville en fin de matinée. L’image de ses militants, tous en rouge et rentrant du Palais des
Nations où il a tenu son meeting en parfaite harmonie avec ceux de
l’Ufdg devrait faire tâche d’huile.