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FEMMES, AVENIR DE L'AFRIQUE
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30 août 2011

Résultats des examens scolaires 2011 : un flop collectif !

 

Et donc, la semaine dernière, les résultats des examens scolaires ont été proclamés en Guinée. De mémoire de guinéen, les résultats d’une année scolaire n’auront jamais été aussi catastrophiques ! Oui, et il faut le reconnaître : c’est une catastrophe nationale que chacun des acteurs du système éducatif guinéen ressent au plus profond de son âme.

 

Disons-le et reconnaissons-le, tout de go : les résultats de cette année, puisqu’ils n’ont pas pu être entachés par le laxisme ambiant et les calculs innommables et inavouables des années précédentes, ces résultats-là, avec le slogan « ToléranceZéro »,  auront été sans nul doute, le reflet grandeur nature du système éducatif que nous avons tous

concouru à enfanter ces dernières années. Un système de laxisme dans l’encadrement scolaire et de laisser-aller chez les parents d’élèves, un système de concussion et de marchandage des notes dans les écoles,  bref un système d’autodestruction collective.

 

Les résultats de cette année appellent ainsi à la réflexion et à une remise en question de toutes nos anciennes habitudes d’être et d’agir face à l’avenir de nos enfants.

 

Tenez : sur 146.324 candidats à l’entrée en 7ème Année, seuls 44.648 ont pu passer le cap !   La même

désillusion se fait sentir au niveau du Brevet ou, sur 94.567 candidats, 19.892 seulement ont été admis. Et du côté du Baccalauréat, toutes les options ont été secouées par le séisme du slogan « Tolérance Zéro ». En Sciences Expérimentales, on compte 846 admis sur 10.480 candidats. En Sciences Mathématiques, seulement 2.027 ont pu tirer leur épingle du jeu sur un effectif de 12.934, et en Sciences Sociales, sur 35.620 candidats, seulement 9.040 sont

admis.

 

Même constat de désolation dans l’enseignement franco-arabe. Au baccalauréat, les candidats de cette option ont enregistré seulement 2 admis sur 196 concurrents dont à zéro fille en Sciences Expérimentales, 690 admis sur 1373 en Sciences Sociales. Et pour le Brevet, la filière franco-arabe a enregistré seulement 635 admis sur 3.031 candidats, tandis qu’au passage en 7ème Année, l’on n’a compté que 4.100 admis sur 10.974 élèves candidats de l’option

franco-arabe.

 

Affirmons-le sans acrimonie : ces résultats sont une gifle magistrale infligée à chacun de nous (autorités du système éducatif, opérateurs privés d’entité de formation, enseignants, parents d’élèves et aussi -et surtout- les élèves). Cette

gifle retentissante est une première dans sa pédagogie de dénonciation et de condamnation silencieuse de notre dérive collective. C’est une défaite commune, fruit d’un flop partagé qui doit interpeller chacun de nous, en nos positions

géographique, sociale ou professionnelle. Voyons !

 

Que des cadres de l’Etat, responsables de l’éducation de nos enfants, de la formation des cadres de demain, que des cadres responsables du système éducatif, des établissements d’éducation et de formation, privés ou publics, que de telles personnalités, sensées être les dépositaires de la pédagogie, de la  déontologie et de l’éthique, se permettent de

marchander des épreuves d’examen, des examens sensés faire la différence entre nos enfants et célébrer le mérite pour plébisciter l’élite, que des cadres de ce haut niveau monétarisent cette garantie de notre avenir, que voilà des comportements qui n’honorent ni la profession d’enseignant ni le système éducatif guinéen.

 

Que des responsables du système éducatif, garants de la qualité de la formation, que ces responsables recrutent et engagent dans les classes de formation, des agents aux CV douteux et à la qualification approximative, pour ne pas dire totalement nulle, et que de telles personnes à l’incapacité avérée et à l’incompétence notoire soient officiellement chargées de la formation de nos enfants, que voilà un manquement délibéré à toute pédagogie et une atteinte grave à tout schéma d’efficacité et d’excellence !

 

 Que des fondateurs d’établissements privés de formation, dans la course effrénée à la renommée et à la publicité de leurs écoles, que de telles personnalités vénérés s’adonnent au braconnage des sujets d’examen pour sortir, chaque année, des pourcentages toujours plus élogieux d’admis sans honneur, ne sommes-nous pas là à la limite du sadisme ?

 

 Que des enseignants, sensés être les dépositaires de la pédagogie et de la morale, objets de la confiance des

parents d’élèves pour l’éducation et la formation de la relève de demain, que des enseignants se prêtent à ce médiocre rôle de sabotage de la formation, en se rendant acteurs ou complices de la concussion et de la monétarisation des

examens, c’est un drame que la Guinée subit aujourd’hui et que la Guinée pleurera demain.

 

 Que des pères de famille et des mères de famille, parents d’élèves, dans la dérive insensée de faire plaisir à l’enfant,

que ces papas et mamans se prêtent à ce jeu malsain et irresponsable d’acheter des sujets d’examen ou soudoyer des examinateurs ou autres responsables de l’Education, que ces papas et mamans compromettent ainsi l’avenir de leurs

enfants, en faisant d’eux des admis sans mérite, d’éventuels perdants dans les concours qui les attendent dans la vie adulte. Que des parents trahissent ainsi leurs enfants, donc leur propre avenir, que voilà des comportements qui défient toute morale et toute logique.

 

Que des enfants, candidats à la vie active, une vie adulte où ne seront certainement reconnues que la connaissance et la compétence, que ces enfants se sentent fiers de passer les examens par la tricherie et le vol, ils se seront tout

bêtement piégé eux-mêmes ces enfants, puisqu’ils ne seront, au finish, que de pauvres victimes-complices, qui garniront demain le grand banc des chômeurs pour cause d’incapacité. Et cela est très grave pour une Nation en construction comme la nôtre.

 

Ainsi donc, les résultats des examens nationaux de cette année 2011, c’est le résultat de toute une dérive commune, ou nul n’aurait raison de pointer un doigt accusateur sur quiconque, tant la responsabilité de chacun est engagée.

 

Et ce naufrage collectif étant, quoi de plus normal donc que le gouvernement de la 3ème République s’attaque à la gangrène dès cette première année de son magistère ? Car en définitive et pour le bien de cette Nation, si le changement devrait s’appliquer d’une manière radicale et profonde sur chacun des secteurs vitaux de notre société, ce changement radical et profond devrait commencer surtout et en premier lieu, par l’école guinéenne, ce secteur névralgique qui façonne nos enfants, ces acteurs de demain pour l’édification de la Nation.

 

Ainsi vu et ainsi dit, chaque cadre honnête et sincère de l’Education nationale, chaque gestionnaire honnête et sincère 

d’établissement privé ou public, chaque parent d’élève responsable, chaque élève réfléchi, chacun en ses capacités, nous tous, chacun devrait s’engager à cultiver en soi et au tour de soi, les germes de ce changement radical et profond, pour la qualification de l’Education et la promotion de l’Excellence. Il y va de notre crédibilité et de notre honneur. Il y va de l’avenir de la Nation guinéenne toute entière.

 

 

 

 

 RTG, 22 Août 2011

 

 

 

Fodé Tass Sylla

 

 

Rédacteur en Chef – Tv Boulbinet 

 

 

 

 

 

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