Le paludisme pèse sur les économies africaines
Le paludisme pèse sur les économies africaines
La maladie la plus répandue au monde a aussi un coût financier. Les économistes estiment que le paludisme peut faire perdre 1,3% de croissance à certains pays d’Afrique.
Dans les pays où le paludisme est le plus virulent, l’Etat est
parfois obligé de consacrer 40% des dépenses de santé publique à la
lutte contre cette maladie. Mais conformément aux résolutions adoptées
lors du sommet d’Abuja en 2000, les gouvernements africains consacrent
désormais plus de fonds au traitement et à la prévention pour faire
reculer la maladie.
Pour les entreprises, qu’elles soient locales ou internationales, le
paludisme représente un frein dû essentiellement à l’absentéisme des
salariés. Les crises de paludisme peuvent être responsables de la moitié
des absences, ce qui désorganise le fonctionnement de la société au
quotidien. Dans les entreprises disposant d’un service médical, le
paludisme est généralement la raison pour laquelle le personnel consulte
le plus.
La Global Health Initiative, créée en 2002 par le Forum de Davos, a pour
but de lutter contre trois grandes maladies, le sida, la tuberculose et
le paludisme. Concernant le paludisme, un
guide pratique a été financé par cette émanation du Forum afin de
faire de la prévention en informant les salariés des entreprises sur les
risques liés au paludisme et en leur expliquant comment s’en protéger.
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En
2006, le Forum économique mondial a publié une enquête réalisée auprès
de 8.000 dirigeants d’entreprise faisant un état des lieux des pertes
économiques dues au paludisme. L’étude a été menée dans une centaine de
pays. Résultat : 72% des entreprises africaines interrogées ont confirmé
que cette maladie a une incidence sur leur activité. A l’occasion de
cette étude, les entreprises se sont montrées intéressées par la
prévention. Il s’agit d’éviter les pertes de production liées aux
évacuations de salariés tombant brutalement malades et de ne plus perdre
des heures de travail quand un salarié doit s’arrêter pour cause de
crise de paludisme.
De grandes multinationales comme AngloGold Ashanti n’ont pas attendu ce
genre d’initiative pour se lancer dans la prévention. Le groupe, qui
exploite des mines d’or dans plusieurs pays africains, a lancé des
programmes de sensibilisation et de prévention auprès de son personnel,
sur plusieurs sites. AngloGold Ashanti applique la stratégie de lutte
mise au point par l’OMS et le partenariat d’organismes regroupés dans
« Ensemble contre le paludisme » : distribution de moustiquaires,
pulvérisations périodiques des logements pour repousser les moustiques,
consultations médicales sur le lieu de travail, information auprès des
habitants de la campagne.
Au Ghana, le programme mis sur pied par la compagnie minière pour ses
salariés a donné de tels résultats que le gouvernement s’en est inspiré
pour sa politique de santé nationale. AngloGold Ashanti, qui avait 20%
de personnel en excédent pour pallier les absences dues au paludisme. Le
résultat a été spectaculaire puisque les cas de paludisme et
l’absentéisme ont diminué de 50%.
Le géant sud-africain de l’aluminium Mozal a eu la même démarche dans
son usine mozambicaine. Pulvérisations à l’intérieur des locaux et
traitement précoce de la maladie ont fait chuter le nombre de cas.
Le paludisme a d’autres impacts économiques souvent difficiles à
chiffrer : touristes qui évitent les régions où le risque de paludisme
est élevé ; représentants qui délaissent ces mêmes régions pour éviter
de tomber malade ; ou encore effet du paludisme sur les travaux
agricoles et donc sur le volume des récoltes.