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FEMMES, AVENIR DE L'AFRIQUE
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14 juin 2010

Il y a 70 ans, partait le premier convoi pour Auschwitz

L'entrée du camp d'Auschwitz II-Birkenau.
AFP/-
L'entrée du camp d'Auschwitz II-Birkenau.

 

Le 14 juin 1940, un train  s'acheminait lentement vers une ancienne caserne du sud de la Pologne occupée. A son bord, 728 prisonniers politiques polonais entassées par une chaleur étouffante dans des wagons aux fenêtres fermées. Venant de la prison de Tarnow, les prisonniers les plus âgés reconnaîtront une pancarte, sur le chemin, portant en lettres gothiques le nom allemand de la ville d'Oswiecim : Auschwitz.

Leur convoi fut le premier d'une longue série de trains pour Auschwitz où furent exterminées 1,1 million de personnes, dont un million de juifs. Soixante-dix ans après, lundi 14 juin, à l'initiative de l'Association des familles d'Auschwitz, un train a symboliquement parcouru ces quelque 140 kilomètres.

Avant le départ, un petit monument portant les 728 noms et un triangle rouge – couleur des prisonniers politiques –, marqué de la lettre P pour Polonais, a été dévoilé sur le quai de la gare de Tarnow. Un hommage doit être rendu à"toutes les victimes des camps allemands nazis", à l'arrivée dans le camp d'Auschwitz, initialement créé pour détruire la résistance polonaise et les élites du pays, étendu ensuite par l'Allemagne nazie en camp de la mort pour les juifs d'Europe et devenu symbole de l'Holocauste.

 

L'entrée du camp de concentration d'Auschwitz.
AFP/-
L'entrée du camp de concentration d'Auschwitz.

 

"AUCUN DE NOUS NE SAVAIT CE QU'ÉTAIT UN CAMP DE CONCENTRATION"

Kazimierz Zajac, 86 ans, a refait le voyage. "On nous a dit qu'on nous emmenait dans un camp de concentration mais aucun de nous ne savait encore ce qu'était un camp de concentration", a-t-il raconté dans le train. Sur son bras est resté tatoué le numéro 261, et il a précieusement gardé le triangle rouge cousu à l'époque sur son uniforme de prisonnier.

Les numéros d'immatriculation de ces Polonais allaient de 31 à 758, car 30 détenus de droit commun allemand étaient déjà enfermés à Auschwitz. Ils deviendront les "kapos" – surveillants – du camp. A leur arrivée, les prisonniers, dont un petit nombre étaient juifs, furent battus et placés en rangs. "'Les juifs ne vivront pas plus d'un mois, les prêtres trois mois et pour les autres, la seule sortie possible sera la cheminée du four crématoire', nous a dit le SS Friesch", a raconté M. Zajac, resté dans le camp jusqu'au 19 décembre 1944.

 

Photo de déportés derrière les barbelés prise en 1945, au moment de la libération du camp de concentration d'Auschwitz.
AFP/-
Photo de déportés derrière les barbelés prise en 1945, au moment de la libération du camp de concentration d'Auschwitz.

 

Comme en 1940, le convoi a marqué l'arrêt en gare de Cracovie. Là, les prisonniers, dont beaucoup avaient tenté de rejoindre l'armée polonaise en France via la Slovaquie et la Hongrie, avaient appris l'entrée ce même jour des troupes allemandes dans Paris. "C'est comme si le sol s'était dérobé sous nos pieds. Nous avions eu pour but la France, l'armée polonaise, et voilà que Paris était occupé et que la France se rendait", a raconté Kazimierz Albin, qui avait 17 ans à l'époque.

"TOUTE DÉSOBÉISSANCE SERA PUNIE DE LA PEINE DE MORT"

A leur arrivée au camp, a raconté M. Albin, on leur a dit qu'ils étaient "dans un camp allemand de concentration en tant qu'ennemis du peuple allemand. Toute désobéissance et tentative d'évasion est punie de la peine de mort". Dès le lendemain et pendant une période de quarantaine, ils seront frappés, torturés, soumis à des exercices physiques insoutenables, et seront ensuite employés à l'extension du camp.

 

Dès leur arrivée dans le camp, les prisonniers ont été battus et torturés.
AFP/-
Dès leur arrivée dans le camp, les prisonniers ont été battus et torturés.

 

Au moins 227 d'entre eux sont morts à Auschwitz et 300 ont survécu à la guerre. D'autres convois ont suivi et, jusqu'au printemps 1942, Auschwitz fut occupé en majorité par des prisonniers polonais non juifs. Kazimierz Albin, qui a réussi à s'évader en février 1943, sera témoin en 1942 de l'arrivée massive de juifs de toute l'Europe et de la création d'Auschwitz-II, ou Birkenau, lieu d'extermination des juifs : hommes, femmes, enfants, vieillards.

En septembre 1940 arrivera un prisonnier particulier, le résistant polonais Witold Pilecki, qui s'est fait interner volontairement afin de constituer un réseau de résistants à l'intérieur du camp, et a informé le monde de ce qui s'y passait pendant deux ans et demi.

DES CONVOIS DE "FAMILLES SUR TROIS GÉNÉRATIONS"

 

Des femmes et des enfants juifs à leur arrivée par train au camp d'extermination d'Auschwitz.
AFP/STF
Des femmes et des enfants juifs à leur arrivée par train au camp d'extermination d'Auschwitz.

 

M. Albin se souvient encore de ces convois de "familles sur trois générations" et des détails de l'extermination dans les chambres à gaz entendus dans les conversations des kapos avinés. Un million de juifs ont trouvé la mort à Auschwitz-Birkenau, ainsi qu'entre 70 000 et 75 000 Polonais non juifs, 21 000 Tziganes, 15 000 prisonniers de guerre soviétiques et 10 000 à 15 000 autres prisonniers, dont des résistants, selon les données du musée du camp.

Le Monde.fr, avec AFP

 

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