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FEMMES, AVENIR DE L'AFRIQUE
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6 juin 2010

Un sans papier sénégalais vivant à Paris

Seneweb.com > Actualités >  Société
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Liberation.fr :  
  
Samedi 5 Juin 2010
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Un sans papier sénégalais vivant à Paris : " Il y a des français chez nous, pourquoi nous on pourrait pas venir en France " 

 

«Il y a des Français chez nous, pourquoi nous on pourrait pas venir ici?»
REPORTAGE Les manifestants sans-papiers se sont réinstallés sur la place de la Bastille après leur dispersion hier matin par les forces de l'ordre.


Photo : Ce vendredi, place de la Bastille à Paris. 

Diallo, 35 ans, est assis devant l'opéra de la Bastille et réclame une carte de séjour. «Dès qu'on a la carte de séjour on travaille», dit-il. Diallo fait partie des sans-papiers évacués jeudi matin par la police et revenus le soir même pour continuer leur blocus.

Arrivé par avion en 2003, ce Malien n'avait aucun contact et s'est débrouillé tout seul pour trouver du travail. Il a travaillé sept ans dans le bâtiment, avant de perdre son travail au début de la lutte pour la régularisation des sans-papiers, en octobre 2009. «J'ai tout perdu depuis le 12 octobre» (début du mouvement), répète-t-il. Il est là tous les jours depuis une semaine sur les marches de l'opéra. Lorsqu'on lui demande s'il n'a pas peur d'être arrêté voire même expulsé, il répond: «On est prêts à tout, on a tout perdu».

Fofana Mo, Sénégalais, scande: «Il y a des Français chez nous, pourquoi nous on pourrait pas venir ici?» ou encore: «Est-ce qu'il y a de l'or en France? Est-ce qu'il y a des diamants? Est-ce qu'il y a du pétrole? Ils viennent nous prendre nos richesses et on a pas le droit de vivre ici» .

Parmi les manifestants, X, 39 ans, est un ancien sans-papiers aujourd'hui régularisé. Lorsqu'il est arrivé en France, il était payé 3,80 euros de l'heure. Régularisé depuis 2007, il travaille maintenant à la RATP et gagne 1700 euros par mois. Il montre fièrement sa carte RATP et sa carte de séjour pour le prouver. Il s'insurge quant au statut des sans-papiers qui manifestent: «Pourquoi ils l'ont pas eu [la carte de séjour] alors que moi je l'ai eu?».

Il est rejoint par un militant de la CGT et du Secours Populaire, qui soutiennent le mouvement. Pour décrire les sans-papiers présents devant l'opéra, il dit qu'«ils ont une dignité extraordinaire» pour tenir cette lutte depuis huit mois sans se décourager. Il évoque les grèves de sans-papiers des années précédentes, durant lesquelles «il n'y avait pas la solidarité d'aujourd'hui».

Saacko, 24 ans, est lui aussi salarié régularisé. Pour lui, «la réalité est là, les sans-papiers sont là. Si tous les travailleurs sans-papiers arrêtent de travailler, l'économie s'effondre» (on compte entre 200 et 400 000 salariés sans-papiers en France).

Sur le sujet du sommet France-Afrique à Nice, Saacko veut «qu'ils arrêtent leurs beaux discours et qu'ils créent des emplois»; «il faut qu'ils arrêtent leur hypocrisie». Il ne compte pas non plus sur les chefs d'Etat africains, «ils sont exploités par les Occidentaux».

«Dès qu'on a la carte de séjour on travaille»

Ce que les salariés sans-papiers réclament depuis huit mois est leur régularisation pure et simple. «Il y a une réalité du travail que tout le monde connaît, c'est une réalité économique. Le seul qui ne veut pas prendre en compte cette réalité c'est le gouvernement», selon Hervé Goix, militant CGT. «70% des Français estiment que si un sans-papier travaille et paye les impôts il n'a aucune raison de ne pas être régularisé». Si le gouvernement veut des négociations «nos portables sont ouverts», dit-il.

La scène

A la sortie du métro Bastille, un ou deux manifestants récoltent des fonds pour les sans-papiers, le sigle CGT autour du bras. Il y a aussi des camions de police qui attendent l'heure de la relève. Devant l'Opéra, plus d'une centaine de personnes, sans-papiers, grévistes, membres d'associations solidaires au mouvement, passants curieux.

La majorité d'entre eux sont debouts sur le bord de la place et brandissent des drapeaux de la CGT. D'autres sont assis sur des tapis, des poufs ou des cartons par groupes de trois ou quatre et sont en train de déjeuner; certains ont des parapluies pour se protéger du soleil. Devant les façades de l'opéra, des policiers surveillent le mouvement.

Si la place est fermement occupée, le blocus se passe calmement. A la vue d'une personne qui porte de l'intérêt à leur mouvement, les manifestants viennent nombreux pour faire entendre ce qu'ils ont à dire. Certains proposent même de partager leur repas. Si les sans-papiers ont réussi à tenir leur blocus dans Paris même, les réponses du gouvernement se font attendre et leurs conditions de vie laissent à désirer.

 

 

Auteur:
 ALINE BONTEMPS    
 Article Source

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