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FEMMES, AVENIR DE L'AFRIQUE
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28 mai 2010

DROIT DE LA FEMME

http://ameg-guinee.org/index.php?option=com_content&view=article&id=52&Itemid=71DROIT DE LA FEMME
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C'est en 1945 que l'égalité des femmes et des hommes a été admise en tant que principe fondamental de la personne à travers l'adoption générale de la charte des Nations Unies. En 1979, la communauté internationale décidait de remettre en question et d'éliminer la discrimination sexuelle qui s'exerçait contre les femmes en adoptant la CEDEF (Convention pour l'Elimination de toutes formes de Discrimination à l'Egard des Femmes) ou CEDAW. Le 17 octobre 2000, à New York, la marche mondiale pour les femmes, due à l'initiative d'un groupe de femmes québécoises en 1998, a pris fin. Une pétition de plusieurs millions de signatures, récoltées de tous les pays qui ont participé à cette action, sera remise aux Nations Unies…

Derrière ces actions et ces avancées timides se cachent, à l'évidence pour les femmes, des années de luttes et d'acharnement pour faire valoir leurs droits et le respect de leur personne. Des années où la communauté mondiale dirigeante, à grande majorité masculine, a pris lentement conscience de la condition de la femme dans le monde et a instauré des mesures, parfois volontaires, souvent sous la pression des ONG et sans conviction, qui ont permis, cependant, de dresser la liste des causes et des effets qui ont conduit directement à une discrimination dont les femmes sont les victimes génériques depuis des millénaires. Un "état des lieux" nécessaire dans le but de placer chacun devant ses responsabilités : pays, gouvernements, individus au regard de leurs spécificités et de leurs traditions et pour amorcer un réel changement.

En outre, d'autres dates importantes sont venues marquer les étapes successives de cette accession à la liberté et au droit à la vie. Depuis 1975, les soins de santé aux femmes et aux fillettes, en plus de leur éducation (scolarisation), sont une préoccupation majeure pour la plupart des gouvernements de la planète. La majorité des pays, même si elle n'est pas écrasante, reconnaît enfin à la femme une "sexospécificité" due à leurs cycles et leurs grossesses ainsi qu'un besoin de soins de santé plus important que celui des hommes. De son côté, la convention des droits de l'enfant, adoptée en 1989, a permis de recommander des lois déterminantes concernant les Mutilations Génitales Féminines (MGF) chez les fillettes (en 1997) et les mariages précoces (notamment au Koweït, en 1998). Des liens évidents ont été reconnus entre la pauvreté et la discrimination à l'égard des femmes, notamment lorsqu'elle réduit l'accès à ces soins. Les observateurs ont également remarqué que plus les filles sont scolarisées, plus elles peuvent prendre connaissance de leurs droits et plus elles peuvent les faire valoir. De même, plus les femmes participent à la vie publique, plus leur sort s'améliore et celui de la société dans laquelle elles vivent également, aussi bien en matière de santé publique que de régulation de la croissance démographique ou, encore, de renforcement de la croissance économique. A l'heure actuelle, beaucoup de pays ont adopté des mesures pour protéger la sécurité individuelle des femmes ainsi que leurs droits familiaux et sociaux.

C'est l'afflux de statistiques, la mise à jour de ce fléau, caché et ignoré, démontrant le niveau alarmant de discrimination dont les femmes et les fillettes étaient victimes, qui a poussé les différents comités de protection et de valorisation de la condition des femmes dans le monde à établir des recommandations spécifiques afin d'attirer l'attention sur les facteurs qui accentuent l'inégalité. Ainsi, le 10 décembre 1999, journée des Droits de l'Homme, un protocole facultatif se rapportant à la CEDEF, a été proposé à la signature, à la ratification et à l'adhésion. Au 28 mars 2000, 33 pays avaient signé ce protocole et certains avaient engagé les procédures parlementaires requises avant la ratification. Ce protocole facultatif est d'une grande importance pour les femmes : il permettra à celles qui auront été victimes de discrimination sexuelle de déposer une plainte directement auprès du comité de la CEDEF.

La multiplication de ces actions a conduit certains pays à réviser leur constitution. Ainsi, plus des deux tiers des pays du monde, dont presque tous les pays d'Amérique Latine, ont modifié leur législation de manière à améliorer l'accès des femmes aux ressources, à favoriser leur accès à l'éducation, aux services sanitaires et à accroître leur rôle dans la cellule familiale. En Equateur, par exemple, l'assemblée nationale constituante a envisagé d'inscrire dans la Constitution les droits en matière de reproduction et de sexualité. Au Venezuela, le Réseau de la population a permis l'inscription dans la constitution, en décembre 1999, des droits en matière de reproduction et d'égalité entre les sexes. Certains pays ont adopté et autorisé l'utilisation de contraceptifs avec suivi et soins médicaux spécifiques. Il s'agit notamment du Pérou, du Brésil, de la Thaïlande, du Paraguay, du Japon et du Cambodge…

L'amélioration de la condition de la femme a touché d'autres pays comme l'Albanie, le Burkina Faso, l'Équateur, Fidji, Madagascar, la Pologne et le Soudan qui ont adopté ou révisé leur Constitution de manière à interdire la discrimination fondée sur le sexe. La France, de son côté, a amendé sa Constitution de manière à promouvoir l'accès égal des femmes et des hommes aux charges électives. Le Luxembourg a criminalisé la discrimination fondée sur le sexe dans la plupart des aspects de la vie sociale. Le Cap-Vert et la République tchèque ont instauré un nouveau code de la famille qui garantit l'égalité des droits et des devoirs dans le mariage. L'Afrique du sud a prescrit l'égalité de statut des époux dans les mariages coutumiers. Même le Pakistan, reconnu comme un des pays les plus discriminatoires, voire meurtrier, à l'égard des femmes, a décidé, par l'intermédiaire de la Haute Cour de Lahore que le mariage ne pouvait être valide sans le consentement des deux futurs époux et qu'un tuteur n'avait plus le droit de donner son consentement au nom de la femme sans son approbation. Certains ont également augmenté leurs allocations budgétaires en faveur de programmes destinés à promouvoir la condition des femmes.

A son niveau, la Cour Pénale Internationale, lors d'une conférence en 1998, a ajouté à sa définition de crime de guerre un statut relatif à la justice contre les auteurs de crimes sexuels, aux termes duquel le viol, l'esclavage sexuel, la prostitution forcée, la grossesse forcée, la stérilisation forcée et d'autres formes de violence sexuelle constituent de "graves violations" des Conventions de Genève contre les crimes de guerre.

Bien entendu, les différentes ONG impliquées dans les Droits de l'Homme et en particulier ceux des femmes ont largement contribué, par leurs actions sur le terrain, à faire évoluer les esprits et rééquilibrer les priorités au niveau des programmes des gouvernements. Leur participation à éveiller les consciences concernant la violence, sous toutes ses formes, exercée à l'égard des femmes a été, et continue d'être, la plus significative.

Chose étonnante, malgré toutes ces démarches planétaires, il apparaît clairement que les avancées efficaces en matière de droits des femmes ne s'effectuent pas à l'échelle nationale ou même internationale mais sont le résultat d'actions isolées menées à l'échelle locale des régions, villes et villages. C'est le cas de plusieurs petits villages d'Afrique qui ont vu, grâce à une initiative de la Croix Rouge et d'autres ONG, leur vie changer à partir du moment où les femmes ont commencé à être plus indépendantes, à la fois intellectuellement et financièrement.

Par ailleurs, certaines campagnes d'ONG ont eu un succès inespéré grâce à l'apport informatif et communicatif de l'Internet. En effet, en Inde, lorsque des membres d'un mouvement militant contre l'exploitation sexuelle, le viol, les meurtres liés à la dot, ont été mis en prison, une alerte lancée sur Internet a contribué à faire suspendre leur procès. De même, en Croatie, un groupe de pression actif a utilisé le média pour faire prendre conscience de l'expérience de la violence que les femmes ont vécue pendant la guerre et pour faire adopter une nouvelle loi en faveur des femmes victimes de viols conjugaux. Plusieurs campagnes ont vu le jour sur Internet, notamment en ce qui concerne la journée de la femme, mondialement connue, et qui a déjà attiré l'attention du monde entier sur les conditions de vie des femmes afghanes, pakistanaises et africaines. L'Internet apparaît comme un moyen puissant pour faire pression sur les gouvernements velléitaires en matière de respect des droits fondamentaux des femmes.

Car, il faut bien le dire, malgré les efforts incessants de milliers de personnes investies dans cette action en faveur des femmes, malgré de nouvelles lois qui ont pour objectif de les propulser sur le devant de la scène sociale, économique et politique, les chiffres qui reflètent la réalité de leur vie recèlent un caractère inquiétant ! Une évaluation des progrès réalisés due au Fonds de développement des Nations-Unies pour la femme (UNIFEM) donne à réfléchir : "Jusqu'à présent, six pays seulement réunissent les caractéristiques suivantes : égalité à peu près complète entre les sexes dans la scolarisation secondaire, occupation par les femmes de 30 % au moins des sièges de parlement ou législature, exercice par les femmes de près de 50 % des emplois rétribués dans les activités autres qu'agricoles".

Pourquoi alors avec tant de démarches, d'énergie déployée pour revendiquer le droit à la vie, de réformes qui surviennent parfois dans les pays pour lesquels nous nous y attendions le moins, les effets restent-ils si peu probants ?

La réponse est simple pourtant, si évidente qu'elle pourrait nous faire rougir de ne pas y avoir pensé plus tôt : quelles que soient les lois adoptées, l'évolution des droits des femmes est entièrement dépendante du comportement privé et surtout de celui des hommes, en fonction du niveau qu'atteint la culture patriarcale dans leur pays. Cela n'implique pas pour autant, dans les pays qui sont moins patriarcaux, l'élimination radicale de certaines formes de discriminations qui se manifestent encore sous des aspects rendus "plus acceptables" socialement, même si les autres, plus directes, plus grossières, ont été condamnées.

En tout état de cause, il apparaît clairement que l'émancipation des femmes et l'accession à l'égalité face aux hommes, constituent un objectif crucial pour le respect des droits de la personne qui fait partie intégrante du développement humain et économique. Afin que ce développement puisse s'assurer un réel avenir, le travail d'information et de sensibilisation consistera à reconnaître les coûts de la discrimination sexuelle et les avantages de l'égalité.Car, en effet, l'inégalité et la discrimination ont une répercussion importante sur la vie sociale et économique des foyers qui pénalise autant les femmes que les hommes.

En fin de compte, c'est un travail de rééducation au niveau des individus qu'il faut commencer, un par un s'il le faut, car le préjudice psychique et physique causé aux femmes est tellement grand qu'il demandera sans doute d'aller parler au cœur de chaque être…

A l'heure actuelle, dans le monde entier, des études ont montré que ce sont toujours les mêmes types de situations qui sont à l'origine d'actes de violence à leur égard : le fait de désobéir au mari, répondre à ses observations, refuser les rapports sexuels, ne pas servir à manger au moment où il le désire, négliger les soins portés aux enfants, négliger les travaux domestiques, se déplacer sans sa permission, soupçons. Cette attitude extrêmement discriminatoire est aussi conditionnée par l'image attendue de ce que doit être un "vrai homme" qui subsiste dans certaines sociétés : un être qui affirme ses désirs, qui ne doit donner aucun signe de faiblesse, qui ne doit pas pleurer, qui a le devoir de rester fort devant toutes les situations, qui pourvoit aux besoins du ménage mais ne doit rendre aucun compte de ses dépenses (contrairement aux femmes).

Pourtant, force est de constater que, dans bon nombre de pays, ces stéréotypes ne correspondent plus à la réalité. Voilà près de trois générations que le rôle de l'homme, en tant que maître du foyer, a changé et a évolué vers plus de partage des tâches et des responsabilités. La configuration des interactions hommes/femmes s'est quelque peu transformée dans les pays industrialisés qui portent un intérêt aux affaires sociales.

En fait, la cause véritable de cette domination masculine générale sur les femmes résulte d'un douloureux manque réciproque de communication. Les chiffres sont encore là pour le prouver : les foyers où hommes et femmes communiquent entre eux ont un taux de violence conjugale cinq fois moins important que ceux où il n'existe aucune communication. Le constat est alors déroutant : les hommes et les femmes ne se connaissent pas et c'est là où se trouve l'origine principale de leur dysharmonie qui peut prendre des proportions alarmantes selon les pays et les traditions. La prise de conscience des hommes sur le rôle et la responsabilité qu'ils ont sur la santé physique et psychique des femmes jettera un faisceau de lumière sur cette ombre encore épaisse qui stagne au-dessus de leur tête et de leur cœur.

Communiquer pour comprendre, pour se comprendre et ainsi construire l'humanité de demain avec des êtres adultes qui exprimeront le désir de connaître l'Autre, cet Autre grâce auquel nous nous connaissons nous-mêmes, grâce auquel nous sommes vivants !

Auteur: Thierry

Sources : UNIFEM, ONU, US dept, Amnesty

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